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Francophones Céline, Louis-Ferdinand Normance : Féerie pour une autre fois II

Normance : Féerie pour une autre fois II

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Ferdinand, sortant malade de chez Jules, rentre chez lui dans l'immeuble d'en face de la rue Girardonoù il chute dans la cage de l'ascenseur et est porté chez lui. De là, il va subir avec sa femme «Lili» et le chat Bébert une nuit entière de bombardement des Forces alliées sur la capitale en juin 1944 et plus particulièrement sur la butte Montmartre qui tremble de son sommet à ses tréfonds sous l'effet des bombes. S'ensuivra un délire exubérant et baroque de l'écrivain qui, assailli de toutes parts, attribuant à «Jules la gondole» perché sur la dunette du Moulin de la Galette le rôle de chef d'orchestre des bombardements, finit par trouver refuge dans la loge de la concierge où l'ensemble des habitants de l'immeuble, Normance en tête, l'agressent physiquement et cherchent, croit-il dans ses bouffées paranoïaques, à l'éliminer.

L'avis de Fred : Je croyais avoir tout vu (lu) avec Guignol's Band, mais non ! Normance est un livre encore plus expérimental, encore moins accessible, un tour de force encore plus dingue puisque tout le roman ne repose que et uniquement sur le style. Il n'y a pas d'action, pas d'histoire, aucune intrigue, tout le récit est une accumulation de faits racontés sur l'instant même par l'auteur, sur le qui vive du début à la fin, et reprenant le fil immédiatement là où il l'avait laissé à la fin de Féerie 1. Enfin, là où l'éditeur l'avait laissé, puisque le livre à l'origine devait sortir en un seul exemplaire. Je comprends ce que Céline voulait dire lorsqu'il disait qu'il avait cessé d'être écrivain pour devenir chroniqueur. Chroniqueur styliste, qui vous enferme dans l'entrée d'un immeuble sur plus de 400 pages nocturnes, 400 pages d'une nuit apocalyptique, au milieu de décombres et résonnant d'insultes (j'en ai noté une : "(...) trusteuse accapareuse salope ! sonnez votre cloche et direling ! et taisez-vous ! pourrie de pisse puante ammoniacale ivrognesse mouchardeuse voleuse ratonne provocatrice pire que tout !... sonnez votre cloche ! et pas autre chose !") de bagarres, d'explosions, du fracas infernal des bombardements alliés. Les 180 premières pages de bombardements sont absolument époustouflantes, vous clouant au sol ! Un exploit littéraire, où la toile de la réalité est complètement déchirée et où l'on ne peut plus distinguer le vrai et le faux, où tout est permis et où tout est en perpétuel mouvement, au point que c'est parfois à s'en arracher les cheveux, le livre ne comportant aucun chapitre, aucun espace, aucune ouverture, rien vous permettant de respirer ! Vous vous trouvez simplement dans un enfer de meubles en miettes, d'éclats de verre, de mobilier dégringolant des étages, des fenêtres, plongeant dans des torrents de lave sur les trottoirs sous un ciel illuminé par les bombes et les tirs de la D.C.A, cloîtré, étouffant, abruti par tous ces personnages et tous ces mots qui vous tombent dessus les uns derrière les autres ! Aucune phrase normale, aucun point, que des points d'exclamation et de suspension, le langage parlé par l'écrit, mais cette fois, contrairement au Voyage et Mort à crédit, complètement débarrassé de l'aspect romanesque. Evidemment, si le lyrisme, la poésie, la maîtrise du vocabulaire et de l'argot, tout le génie halluciné de Céline n'existait pas, le livre ne présenterait aucun intérêt. Donc je préfère cette partie à la première qui se concentrait d'avantage sur les conditions de Céline en prison, tandis que dans Normance on retrouve le bon vieux Ferdinand dans les situations catastrophiques habituelles et en huit-clos avec ses ennemis les voisins de l'immeuble, qui tous se cachent sous une table pendant que lui regarde le spectacle et raconte tout. J'ai adoré la fin où l'on a l'impression, à partir du moment où le jour est bien levé, que l'on passe de l'autre côté du miroir, le côté qui nous semble plus réel, mais qui lui aussi pourtant brouille la réalité quand dans le ciel, avec les pigeons et les moineaux, se mettent à voler et virevolter des milliers et des milliers de pages de manuscrit, tandis que tout, dans le sillage de Ferdinand en fuite aux côtés de sa femme Lili et du chat Bébert, devient flou, opaque, dans un Montmartre complètement déserté. Après, pour savoir ce qui est autobiographique et ne l'est pas dans tout ça, bonjour ! En tous cas Féerie pour une autre fois (Normance inclus donc) est l'oeuvre la plus difficile à lire de Céline, mais ô combien unique ! car, plus qu'un roman, c'est aussi de l'Histoire ! c'est du vécu par l'auteur ! et tout ça me donne une furieuse envie d'aller me faire une bonne journée de balade à Montmartre, retrouver les décors du livre et l'immeuble où a lieu l'action et où a vécu Céline ! Ça me ferait vraiment triper !

 

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Newsflash

 

Crickley Hall : une vieille demeure comme on n'en trouve que dans les régions reculées de l' Angleterre. Vaste et sinistre, elle a même l'air un peu menaçant.
Lorsque Gabe et Eve Caleigh viennent s'y installer avec leurs deux petites filles, ils espèrent y trouver la paix, et tourner la page sur le terrible malheur qui a frappé leur famille.
Mais quelque chose ne va pas... Bientôt des bruits inexplicables les arrachent au sommeil. Les enfants sont les seuls témoins d'étranges apparitions. Et, chaque matin, la porte de la cave est entrouverte alors qu'on l'avait fermée la veille.
Cette maison est le dernier endroit que les Caleigh auraient dû choisir. L'horreur qui les y attend dépasse tout ce qu'ils pouvaient imaginer.
Oserez-vous affronter le terrifiant secret de Crickley Hall ?

L'avis de Carrie : Une très bonne histoire de maison hantée (que j'ai évité de lire le soir tard je l'avoue) avec un bon suspense. L'histoire parle en plus de maltraitance d'enfants, ce qui ne peut pas laisser insensible. Et même si on devine peu à peu la fin au fil des pages qui nous apprennent déjà tant de choses horribles, on reste un peu sur le cul quand même face à tant de cruauté.

 

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