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Casse-pipe

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Publié pour la première fois en 1952, Casse-pipe raconte la première nuit en caserne de Ferdinand, au 17e régiment de cuirassiers à Rambouillet. Il découvre rapidement des soldats ivrognes qui discutent de leur vie militaire, chargée de règles et de discipline. Ferdinand le bleu subit les insultes et les humiliations. Les personnages sont dignes de toutes les infanteries du monde, parce qu'ils ont perdu toute dignité humaine en endossant celle du soldat.

L'avis de Fred : Un tout petit roman, qui me fait d'avantage penser à une nouvelle, ou un petit récit autobiographique. Une compagnie doit assurer la relève à la poudrière et vérifier que tout se passe bien aux écuries. Ils partent de nuit sous un déluge, le froid et l'humidité, quand l'un des hommes se rend compte qu'il a complètement oublié le mot de passe qui doit annoncer l'arrivée de la relève. Enfin bref je ne m'étendrai pas, j'ai bien aimé, la forme n'a bien évidemment rien à voir avec les pavés que sont le Voyage et autre Mort à crédit, mais on est toujours dans le ressenti du moment présent, de l'observation, avec des descriptions palpables et des dialogues au vocabulaire pittoresque, pas de grands aphorismes ici ni autres réflexions profondes sur l’existence. L'histoire est trop drôle, mais ses conditions épouvantables. A un moment ils sont dans un trou, et le type (l'Arcille) responsable des écuries doit enlever tout le fumier fumant qui se trouve partout sur les litières, et jette tout en tas à côté des hommes dans le trou en question.
Extraits 1 : "Le crottin autour de nous de plus en plus culminait. Ça se collait bien avec l'urine, ça faisait des remblais solides, des épaisses croûtes bien compacts. Ça déboulinait seulement quand l'Arcille en rapportait. Ça croulait alors sur nous, dans l'intérieur, dans les fissures, ça comblait tout peu à peu. L'Arcille à chaque navette de crottes il venait nous remonter le moral. Mais j'avais trop de mal à tenir, à pas périr d'étouffement pour bien écouter ses paroles. Je butais dans le fond de l'entonnoir, sous l'amas des viandes entravées, boudinées, malades, souquées dans les épaisseurs, les manteaux humides fumants, tenaillé entre les fourreaux, les crosses, les objets inconnus. Une grosse coquille à cinq branches me raclait le revers de la tête, me faisait loucher de douleur. Ça devenait tocard comme gîte... Ils pétaient à tire-boyaux les ratatinés, en plein dans le tas, tant que ça pouvait, des vraies rafales bombardières à plus entendre même l'écurie."
Extraits 2 : "Le Moël, un des nôtres, et l'Arcille, ils sont repartis tourbillonner au fond de l'écurie, au revers des bat-flanc, à la chasse au crottes. Tout au bout là-bas des ténèbres, dans la buée, ils s'agitaient. Il piquait la nuit avec leurs falots, on aurait dit des papillons. Ils avaient des ailes de lumière. Ils revenaient de-ci, de-là. C'était féerique, leurs ébats... comme des passages de feux follets à trembloter d'une ombre à l'autre."
Un dernier petit extrait. Celui-là m'a fait exploser de rire, d'un seul coup comme ça, je m'y attendais pas du tout , j'ai eu la scène devant mes yeux !
"Le mien d'ancien, Le Croach Yves, il avait pas son pareil question d’asphyxie. Ils existaient pas les autres à côté de lui comme pétomanes. Il stupéfiait. Fallait voir ce qu'il amenait comme loufes à volonté, comme rafales de gaz fantastiques.
Au pansage qui durait des heures, ça l'environnait comme d'un nuage. Personne pouvait l’approcher, même son gaye* qu'en était malade, qui retroussait drôlement les babines, qui reniflait affreux. Fallait se tenir à distance : quinze pas au moins. Il était reconnu comme champion. "Haricot" qu'ils l'appelaient les autres en plaisanterie. Y'avait pas que l'odeur disgracieuse chez lui, sa figure aussi rebutait, une vraiment laide, rébarbative, des mâchoires d'une épaisseur, larges, remplies, renflées, mastocs comme des bêches et puis sur le rebord des grandes croûtes, des pustules qu'il écorchait vif (...)"

*Gaye est un terme argotique, c'est un cheval.
La fin du livre contient aussi le Carnet du Cuirassier Destouches. Sorte de petit journal intime que Céline a tenu entre novembre et décembre 1913, après avoir été incorporé pour trois ans au 12e Cuirassiers en garnison à Rambouillet. Et c'est étonnant de voir ce qu'il écrivait déjà à l'âge de 19 ans et quelles étaient ses réflexions. La fin du petit journal est incroyable, car il fait une sorte de prédiction, je cite : "... si je traverse de grandes crises que la vie me réserve peut-être je serai moins malheureux qu'un autre car je veux connaître et savoir en un mot je suis orgueilleux est-ce un défaut je ne le crois pas et il me créera des déboires ou peut-être la Réussite."
Le génie lui a apporté la réussite, mais aussi la malédiction. Comme ça c'est clair.

 

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Newsflash

 

David ne croit pas aux fantômes. Rationaliste convaincu, il met un point d'honneur à démasquer les faux médiums et à attribuer des causes naturelles aux prétendus phénomènes paranormaux. Mais un véritable mystère plane sur la vieille demeure d'Edbrook et, pour la première fois, David se heurte à l'inexplicable. Pour la première fois? Dans son acharnement à nier tout ce qui relève du surnaturel, ne cherche-t-il pas finalement à oublier ce qui le hante depuis l'enfance?

 

L'avis de Carrie : Voilà une histoire de fantômes et de vieille maison hantée comme je les aime. La preuve, j'ai lu ce livre en 2 après-midi. David, qui ne croit pas aux fantômes, va être confronté à ses propres démons et ses propres fantômes. Bon, je dois bien avouer qu'assez rapidement (avant d'avoir terminé la moitié du roman), j'ai deviné ce qu'il en était des habitants de cette lugubre maison. Mais ça n'a enlevé en rien le plaisir de la lecture de ce roman.

 

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