Socrate est accusé de ne pas croire aux dieux de la cité et de corrompre ainsi la jeunesse. Il argue de son innocence sans le fard et sans le lustre d’une rhétorique pourtant si prisée en son temps. Avec sa désemparante ironie, avec son art consommé de la dialectique, Socrate ne ménage ni ses juges ni l’assistance: il leur démontre sans complaisance leur cécité, morale et politique, comme il s’est efforcé toute sa vie de révéler à ses concitoyens l’incohérence de leurs opinions et de leur conduite. Cette défense de Socrate, telle que nous la rapporte Platon, est une éminente leçon de philosophie, si par philosophie on entend l’accord de soi avec soi, en usant de sa raison, non en vue de vivre ou de fuir la mort, mais en vue de bien vivre.
Avis de Fred : Bon eh bien, un seul constat à faire après avoir lu ce procès : les choses aujourd'hui n'ont pas beaucoup changé. On accuse, on juge, on condamne ceux dont les idées sont différentes et font bouger les consciences, ceux qui ont le culot de dire des choses qui vont à contre-courant de la pensée unique. Et ceux qui condamnent le font bien souvent de manière condescendante, ce sont souvent les "intellectuels" et autres personnages de nos élites actuelles qui par les mêmes moyens que du temps de Socrate (depuis très longtemps donc) utilisent le sophisme, l'art oratoire et les fausses certitudes pour les imposer, tout en en tirant profit, afin de mieux convaincre et ainsi flatter leur vanité. La calomnie aussi, utilisée de tout temps. Mais la sagesse dans tout ça ? le raisonnement ? le doute ? pas permis. Le vrai danger vient de là. Les sages, on les faire taire. Mais Socrate a réduit ses accusateurs au silence, à l'effarement, à la frustration, lors de sa défense logique et implacable par son raisonnement ; il les a démantelés. Voilà, personnellement je fais un rapport très étroit entre cette époque et la nôtre.
A méditer.